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Blog d'une future agri
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5 septembre 2009

Bonjour,

Je suis une future agricultrice. C'est en 2007 que j'ai fait les premières démarches pour réaliser ce projet : m'immerger dans le milieu agricole, me former, trouver un fonctionnement et un lieu me permettant de concrétiser mon activité professionnelle d'agricultrice. Depuis, mon projet a évolué, mûri.

Ce blog a pour but :

>de partager des moments de réflexion sur mon projet agricole

>de vous laisser quelques sites de références concernant mes valeurs par rapport à l'agriculture

>d'échanger des clins d'oeil sur l'agriculture.

Au début de mon parcours d'installation, j'ai découvert l'univers des organismes para-agricoles. C'était pour moi comme un labyrinthe de bureaux, de procédures et de dossiers.

Si je voulais faire des yaourts avec le lait de mes vaches ou de mes brebis il fallait bien que je m'adresse à la Chambre d'agriculture mais si je voulais faire des yaourts avec le lait des autres il s'agissait de la Chambre des métiers. Si je voulais faire du lait et loger des visiteurs de la ferme dans des yourtes il fallait bien que je m'adresse à la Chambre d' Agriculture. Si je voulais faire du lait et fabriquer des yourtes il fallait que je m'adresse aux deux... (*)

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Pourquoi agricultrice ? pour avoir les mains dans la terre.

Mais je suis une paysanne sans terre.

Paysanne parce que mes grand-parents maternels étaient dans l'agriculture.

Sans terre parce que dans une famille de 5 enfants, quand le partage n'est pas fait, que l'exploitation des terres est revenue au fils de la famille, mon oncle, et bien la fille ainée de la fille ainée doit monter son projet ailleurs si elle ne veut pas se mettre à dos la génération baby-boom et ne pas attendre le mamy-boom.

Pourquoi du bio ?

Parce que l'agriculture biologique ne participe pas au productivisme source de non respect du droit des peuple à la souveraineté alimentaire. L'agriculture bio est basée sur l'indépendance par rapport aux lobbies monsanto-round-up qui tentent d'orienter les dépenses des agriculteurs sur des produits brevetés qui correspondent à une vision de l'agriculture qui ni durable ni éthique. Enfin produire bio c'est répondre à un cahier des charges reglementé et contrôlé qui permet au consommateur d'avoir des garanties, qui participe maintient de la biodiversité, respect de l'équilibre du sol par des amendements organiques issus de l'élevage.

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Un projet collectif ?

Beaucoup de porteurs de projet agricole qui s'installent hors cadre familial souhaitent s'installer seuls peut être pour ne pas avoir à composer avec le caractère, les objectifs personnels d'un ou d'une autre. Ce n'est pas mon choix. En effet du fait de la diminution du nombre de candidats à l'installation, le nombre d'exploitations diminue, les exploitations s'agrandissent et deviennent difficile à reprendre et/ou à gérer seul. Je pense que, même si c'est parfois difficile et même s'il faut faire des concessions, travailler à plusieurs permet de s'appuyer sur des points de vue complémentaires pour prendre des décisions, de partager les investissements. En plus cela permet d'améliorer la qualité de vie en partageant les responsabilités et le temps de travail.

Vache de la Cow Parade : Picowso's eyes46165

Transmettre

On n'est pas éternel.

Je compte vraiment pas devenir gestionnaire de patrimoine : je suis née sans terre. La Terre ne m'appartient pas : c'est uniquement un outil de production, un support à régénérer et à maintenir en vie pour les génération à venir. C'est d'avantage grâce à l'éducation plutôt que grâce à la famille que je suis arrivée à avancer dans la vie. J'aimerais donc pouvoir aider celles et ceux qui s'intéressent aux métiers de l'agriculture à les découvrir, à se les approprier, à comprendre le système agricole (OPA, filières, etc ...) . Pour cela, il n'est pas nécessaire de mettre les pieds sur une ferme, d'observer des graines de céréales, de donner le biberon au petit de la vache, de la chèvre ou de la brebis, ou de cueillir des framboises. En effet c'est avant tout la curiosité, la compréhension et l'esprit critique qui sont les clefs des évolutions à venir.

Comment trouver sa place dans le monde agricole ?

Lorsqu'en 2007, j'ai commencé à parler de façon informelle de troupeau laitier on me demandait immédiatement : " mais où vas tu t'installer ?" " tu as une ferme à reprendre dans ta famille ?" Alors que moi mes premières préoccupations étaient : "Comment on cultive ce qu'on donne à manger aux bêtes ?" "Combien se vend le lait ?". En 2008, je travaillais au contrôle laitier dans le 54 et certains producteurs laitiers s'allarmaient au sujet de la fin des quotas laitiers en 2013 , d'autres s'en réjouissaient mais prévoyaient de toute façon de supprimer l'atelier lait ou de mettre un robot. En 2009, plus question de parler de gros investissements comme un robot car le court du lait chutait. Au pays du munster et de la mirabelle, moi je rêvais simplement d'un pot de confiture maison, de pommes de terre du jardin, d'une soupe de légumes pas en pack, d'un omelette avec des oeufs qui ont le goût d'oeuf et d'un yaourt qui a le goût du lait et qui n'est pas fabriqué avec du lait en poudre. Début 2007, j'avais assisté à Paris à un évènement de la Conf en soutien aux naufrageurs du vin et j'avais déjà compris les problèmes que posaient la libéralisation intensive des échanges, l'absence de régulation du capitalisme, et l'uniformisation et la standardisation des goûts des produits. Pourtant en débutant mon BPREA en 2009 après avoir tenté un BTS PA par correspondance, je pensais encore que c'était à moi de faire des efforts pour rentrer dans le moule de l'agriculture conventionnelle. Par contre je ne pouvais décidément pas rentrer dans le moule de leurs idées étriquées, de leur fierté déplacée, de leur traditions néo-conservatrices et de leur "produire plus pour gagner plus". C'est ce qui m'a mis la puce à l'oreille. Je me suis dis : " Ils pensent qu'ils ne peuvent rien changer à cet ordre des choses". "Ils pensent qu'ils ne peuvent pas vivre sans l'hyperspécialisation, sans les industriels, sans aller eux-même faire leurs courses en supermarché." Et bien en Isère j'ai découvert des producteurs qui transforment, qui vendent en circuit court, des militants et des gens qui croient en eux-même, ça m'a donné envie.

Au delà de ces considérations philosophiques, trouver sa place dans le monde agricole ça veut d'abord dire trouver un endroit où produire. Alors là je dis : Direction le répertoire d'installation, la commission locale d'étude des demandes d'autorisation d'exploiter, les syndicats. Moi, j'ai d'abord eu besoin de faire de nombreuses visites pour avoir des éléments de comparaison et puis je pense que certains conseillers m'ont un peu fait perdre mon temps en me proposant des visites sur des exploitations qui ne me correspondaient pas. Le nombre de candidats ayant des compétences en production laitière étant faible a poussé certains conseillers de me faire faire des visites de courtoisie auprès d'exploitants ayant déjà réduit considérablement leur production, ou alors totalement découragés, ou alors cherchant un repreneur dans l'urgence.

Un projet durable, un projet impliquant des investissements de différentes natures (intellectuels, temps, énergie, choix de développement, financiers) ne se concrétise pas dans l'urgence. De plus dans un projet collectif il ne faut pas négliger le temps nécessaire à faire le point sur les aspects humains : valeurs, communication, caractères, objectifs personnels,etc...

Je pense aujourd'hui qu'il ne faut pas donner un coup de main sur la ferme sans être aller 3 fois boire le café, ne pas démarrer un stage pré-installation sans s'être fait une bouffe. Mieux vaut aussi savoir dire non plutôt que de faire mauvaise équipe.

Pour moi à la base : le respect de soit, de l'autre, du consommateur, des voisins, de la nature, de l'état.

* la petite note ci-dessus fait référence à "A la recherche du BIB (bonheur intérieur brut)", une scenette jouée par la compagnie Prise de Scène lors de la 15ème journée d'installation au Lycée agricole de La Côte St André, le 18 mars 2010.

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Commentaires
P
on peut dire engagée pas que professionnellement.
P
j'aime bien l'idee du projet collectif.moi meme paysan ,je "fatigue" aujourd'hui du travail seul surtout en elevage (500 brebis) .l'association est un projet pour travailler mieux.j'observe que tu as conscience de l'interet d'un engagement professionnel ;ça ,c'est tres epanouissant !<br /> a un de ces jours !<br /> pascal
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